Le transport routier en difficulté
Le secteur du transport routier connaît depuis de nombreuses années une situation économique difficile. Malgré son rôle essentiel dans la logistique et l’approvisionnement national, il fait face à une accumulation de contraintes structurelles et conjoncturelles qui menacent sa pérennité.
Pression économique
Les transporteurs subissent une forte pression économique.
Les appels d’offres récurrents, associés à une concurrence intense, tirent les prix vers le bas.
Les ajustements répétés de la surtaxe carburant, souvent utilisés par les donneurs d’ordre pour minimiser les hausses ou négocier des remises supplémentaires, accentuent encore cette fragilité.
Hausse des coûts et incapacité à répercuter
Sur les dix dernières années, les coûts des entreprises de transport ont augmenté d’environ 35 % selon notre étude. Toutefois, les prix de marché sont restés quasi-stagnants. À titre d’exemple, un transport entre Avignon et Toulouse facturé environ 530 € HT en 2015, ne vaut aujourd’hui qu’environ 560 € HT, soit une progression marginale par rapport à la hausse des charges.
Analyse estimative des hausses en dix ans:
■ Coûts moyens estimés en 2015 ■ Coûts moyens estimés en 2025
Ressources humaines et tensions sociales
La profession souffre d’un manque chronique de conducteurs et rencontre de fortes difficultés de recrutement. Les salariés en poste sont également plus exigeants en matière de conditions de travail et de rémunération.
Dans le même temps, les transporteurs doivent composer avec des exigences de plus en plus fortes de la part des industriels et des chargeurs : transmission systématique des informations, respect strict des rendez-vous horaires, gestion des emballages et palettes consignées, disponibilité permanente des équipes opérationnelles, ainsi qu’une grande souplesse pour s’adapter aux variations de volumes.
Contraintes opérationnelles et réglementaires
Le secteur doit aussi composer avec les restrictions de circulation (jours fériés, week-ends, périodes estivales), ce qui crée un déséquilibre opérationnel. Les transporteurs doivent mobiliser du matériel supplémentaire pour absorber les pics d’activité avant et après ces interdictions.
Par ailleurs, la réglementation environnementale impose des investissements lourds dans de nouveaux matériels et technologies (normes Euro VI, véhicules électriques ou au gaz, etc.), ce qui alourdit encore les charges fixes.
Fragilisation des entreprises
Le nombre de sociétés en liquidation a fortement augmenté ces dernières années. Pour faire face aux difficultés, les entreprises rallongent la durée d’amortissement de leurs véhicules, alors même que conducteurs et chargeurs exigent du matériel récent. Cette contradiction provoque des tensions financières et sociales.
De plus, la réduction des structures et des effectifs entraîne une surcharge de travail croissante, faisant du métier un environnement de plus en plus stressant.
Conclusion
Le transport routier est un secteur vital pour l’économie nationale mais aujourd’hui fragilisé par une conjonction de facteurs défavorables : hausse continue des coûts, stagnation des prix de marché, pénurie de main-d’œuvre, pression réglementaire et exigences accrues des clients.
Sans adaptation structurelle, soutien politique et rééquilibrage des relations entre transporteurs et chargeurs, ce secteur risque un déclin durable mettant en péril la fluidité de l’approvisionnement et la compétitivité des filières industrielles.
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